Jea-Baptiste Greuze L'accordé du village, 1761, Louvre
Jean-Baptiste Greuze ( 1725-1805 ) L'accordé du village, 1761, huile sur toile, 92 x 117 cm, Louvre
La Théâtralité picturale autour des scènes de genre : Greuze et Diderot
Le premier grand succès du peintre est l'accordé du village; le tableau est présenté la dernière semaine du Salon de 1761 ce qui attisa la curiosité du public, il fut acquis pour rejoindre la collection royale de Louis XVI. Dans un intérieur familial de paysans aisés banale, un père de famille ayant remis la dot à son gendre, tend les bras vers sa fille en blanc comme s'il tentait de lui inculquer ses futurs obligations de femme mariée. Sur cet composition en demi-cercle très claire, chacune des douze figures incarnent les rôles qui leur sont propres. Par exemple la mère réconfortante tient la main de sa fille et la sœur triste de son départ proche, pleure sur son épaule, on remarque aussi l'autre sœur derrière le père regardant le couple d'un air jaloux. Les détails qui jalonnent le tableau comme des éléments de décor de théâtre renvoi à la situation : l'armoire ouverte à droite fait penser à la nouvelle vie de maitresse de maison qui va commencer pour la jeune fille. Au premier plan la poule et les poussins hors de leur cage en train de picorer est l'image de l'indépendance acquise par les enfants.
Cette scène intime traitant d'un dénouement matrimonial où les sensibilités des personnages sont mises en avant, peut être placée en parallèle à l'essence du drame bourgeois. D'ailleurs dans les descriptions des Salons, Diderot est souvent en connivence avec la manière d'aborder ces scènes de genre concentrées sur les bonnes mœurs. Outre la description formelle de la composition, il insiste lourdement sur le pathos manifesté par les œuvres de Greuze.
Il est intéressant de remarqué que Greuze, utilise les mêmes stéréotypes pour caractériser ses personnages dans ses scènes de genre autour de la famille. Le père de famille est reconnaissable dans l'accordé du village, dans La lecture de la Bible et puis dans le paralytique. Les critiques ont pu lui reprocher cette redondance, mais il n'est pas absurde de penser que cette parenté entre ses différentes œuvres était recherchée dans le but de représenter dans l'ensemble un idéal morale.
Que cet artiste est sans fécondité; et que toutes les têtes de cette scène sont les mêmes que celles de son tableau des Fiançailles, et celles de ses Fiançailles les mêmes que celles de son Paysan qui fait la lecture à ses enfant... D'accord, mais si le peintre l'a voulu ainsi? S'il a suivi l'histoire de la même famille?