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peinture : une quête du vif. Quand je me rends compte de mes erreurs, j'aurais aimé me tromper sur le coup dans mes certitudes de sorte que ce que je pense être faux soit en réalité juste.

23 Nov

Léonard de Vinci, la Cène ( première partie )

Publié par Becker Marie-Jeanne  - Catégories :  #Léonard de Vinci, #XVème siècle, #Renaissance, #Cène

La Cène Léonard de Vinci
La Cène Léonard de Vinci

Léonard de Vinci (1452-1519), 1494-1498, la Cène, 460 cm x 880 Cm, Milan, Santa Maria delle Grazie

première partie

La célèbre fresque de la Cène peinte par Léonard de Vinci de 1494 et 1498 dans le réfectoire d'un couvent des dominicains de Santa Maria delle Grazie à Milan est toujours conservée in situ. Léonard très réceptif au renouveau artistique ayant éclos à Florence au Quattrocento trouve un intérêt particulier pour d'autre domaine pouvant enrichir son art; ici on sent l'influence du paragone entre la peinture et la musique notamment dans le décor en perspective rythmé avec harmonie. Comme l'indique Vasari dans le passage décrivant avec éloge la Cène, l'œuvre exprime avec brio exprime les émotions intimes des apôtres confrontés à l'annonce de la trahison de l'un d'eux. Ainsi, Léonard insuffle une théâtralité et une individualité révolutionnaire à la Cène.


La situation de la Dernière Cène dans le réfectoire du couvent dominicain de Milan montre l'importance de ce lieu, après la chapelle, le réfectoire est peut-être le lieu de réunion le plus symbolique pour les moines. C'est l'espace où ils partagent le pain, il n'est donc pas surprenant d'y représenter le dernier repas de Jésus avec ses disciples où il institue la communion Eucharistique, moment central dans la journée d'un religieux.


La peinture murale de Léonard de Vinci d'une dimension considérable de 460 cm de haut sur 880 cm environ, a été épargnée miraculeusement par un bombardement de 1943, a enfin subit une restauration d'envergure de 1978 à 1999 : les repeints antérieures et les salissures dues à l'humidité en particulier ont été ôtés.

La fragilité de l'œuvre vient de la technique particulière qu'a utilisée l'artiste de génie, il ne s'est pas contenté de la peinture fresco classique dépendante d'une division en partie de la surface nommée giornata, en utilisant de la tempera à l'œuf sur un enduit bien lissé, composé de deux couches, il pouvait retoucher son travail.
La Cène occupe un petit côté de l'ancien réfectoire qui s'étend en largeur; le programme pictural de la salle prévoyait sur la face opposée une crucifixion de l'artiste Donato Montorfano achevée en 1497.

Dans les lunettes surmontant la représentation principale, à l'intérieur de couronnes végétales Léonard a représenté les armoiries de la famille ducale Sforza dont fait partie Ludovic le More, l'important commanditaire. Au centre, à la place d'honneur on reconnaît les initiales du duc et de son épouse Béatrix d'Este. Selon les études de la restauration de 1901 et 1908, la couleur vermillon des lunettes, servait à l'origine de support pour une couche d'azur qui était parsemée d'étoiles d'or.

Les trois guirlandes en forme de couronne comportent des plantes et fruits hautement symboliques qui font astucieusement écho aux natures mortes le long de la table posées pour la Dernier Repas et à la Rédemption qu'offert le Christ. Par exemple, on y trouve des feuilles de palmier qui font référence à l'entrée du Jésus à Jérusalem ( Jean 12, 12-13 ) et sont devenues les attributs des martyrs, les poires sont une allusion à l'arbre de la croix, les pommes annoncent la rédemption, sur les autres lunettes des végétaux comme les pins ou le chêne évoquent la longévité.
Les tapisseries fleuries sur les murs latéraux de nos jours peu visibles, accentuent la perspective qui fait surgir devant les personnages. De plus le point de vue du spectateur est surélevé, le dessus de la table est visible pour permettre aux éléments du repas d'être représentés ( plats, pains, fruits...) et le plafond à caissons souligne les personnages en bas. Léonard fait transparaître le paragone entre les arts, ici c'est la musique si chère à l'artiste qui vient enrichir le répertoire de l'œuvre. Un rythme divisé en quatre temps constitue les tapisseries des murs latéraux et font écho aux quatre groupes de trois personnages. Il répond en même temps à la symbolique du trois présente dans les trois fenêtres à paysage, celle dernière Jésus prédominante est surmontée d'une abside.
Les treize figures sont quant à elles les instruments formant le thème de la mélodie. Léonard de Vinci grâce aux principes de la musique concrétise une peinture murale harmonieuse et profonde en consonance.



Bibliographie :


Squaitamatti Domenico, La Cène, Léonard de Vinci, le chef-d'œuvre révélé par la haute technologie, Novara, édition White Star, 2013

Arasse Daniel, Léonard de Vinci, le rythme du monde, édition Hazan, 2011 p 361-383

Marani Pietro C. Léonard de Vinci, Paris, Actes Sud Motta, 1999

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