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peinture : une quête du vif. Quand je me rends compte de mes erreurs, j'aurais aimé me tromper sur le coup dans mes certitudes de sorte que ce que je pense être faux soit en réalité juste.

25 Jan

6 Louis Janmot (1814-1892 ) Poèmes de l'âme, Le toit paternel

Publié par Becker Marie-Jeanne  - Catégories :  #Louis Janmot, #poèsie, #XIXème siècle, #poèmes de l'âme

le toit paternel Louis Janmot peintur poèsie
le toit paternel Louis Janmot peintur poèsie

VI-IX Jeunesse et périls

6 Louis Janmot (1814-1892 ), Le toit paternel, musée, Lyon, musée des beaux-arts

VI LE TOIT PATERNEL

Ami, retirons-nous, l'orage me fait peur ! Nous avons bien à temps soustrait à sa fureur La primevère rose et le rosier si frêle ; Sous les coups redoublés du vent et de la grêle. Pour un moment d'oubli, nous aurions vu périr leurs boutons qui, ce soir, commençaient à s'ouvrir.

— Laisse-moi contempler cet immense nuage, étincelante sur le ciel ses bras démesurés, Et l'éclair tout à coup se livrant un passage dans ses flancs déchirés. As-tu vu resplendir d'un éclat éphémère les toits, les hauts clochers, les vieux murs de l'enclos? Fantômes évoqués par un coup de tonnerre, rentrez dans le chaos !

— Je n'ai vu, je n'entends que la foudre qui tombe a quelques pas de nous ; cette effroyable trombe ne finira donc point. Daignez de tout malheur préserver, ô mon Dieu, le pauvre voyageur !

— Le ruisseau, ce matin, selon notre coutume, passé sur des cailloux jetés dans le courant, Roulant hors de son lit des flots blanchis d'écume, mugit comme un torrent. Le grand chêne gémit en secouant la tête ; comme un cheval rétif sous l'éperon cabré, Il se débat en vain aux coups de la tempête qui le courbe à son gré.

— Ami, rapprochons-nous de la lampe qui brille. 288 Autour d'elle déjà s'assemble la famille ; Et grand'mère, qui lit la Bible chaque soir, nous fait, pour écouter, signe de nous asseoir.

LECTURE (Psaume Qu'est-ce que l'homme, ô Dieu, pour que votre pensée du haut de l'infini descende jusqu'à lui, Lui, cette ombre d'hier au matin effacée quand le soleil a lui?

Si, des cieux abaissés, vous marchez solitaire, sur ces monts escarpés que l'homme n'atteint pas, Il suivra plein d'effroi, sur leur fumant cratère, la trace de vos pas.

Car, devant vous, Seigneur, sur leurs bases tremblantes, sentant fléchir l'orgueil de leurs sommets altiers, comme un lion vaincu, les montagnes géantes se couchent à vos pieds. Étendez sur les eaux votre bras secourable! le flot monte toujours, il va me submerger. Délivrez-moi, Seigneur, de la serre implacable fils de l'étranger !

Leur langue est un serpent dont le venin s'attache à souiller sans pitié l'homme au cœur droit et pur ; le crime a dans leurs mains une arme qui se cache pour frapper à coup sûr. Que de mon coeur brisé s'exhale la prière,comme les saints parfums que brûle l'encensoir, comme l'odeur des pins qui monte de la terre sur les ailes du soir !

Heureux qui peut ainsi songer à son enfance sans y trouver mêlés ces longs jours de souffrance, où, fermés dans les murs d'une étroite prison, contemplant tristement un lambeau d'horizon, nous suivons du regard moins que la pensée, de quelque arbre lointain la cime aux vents bercée, l'oiseau qui parcourait les champs libres des cieux, et nous sentions bientôt des pleurs mouiller nos yeux !

Dans le sol maternel profondément fixée, heureuse mille fois la plante délaissée que le savoir cruel du fer éducateur n'aura pas dépouillé de sa jeunesse en fleur.

Elle aspire à longs traits sous sa robuste écorce la sève qui fera sa durée et sa force ; et ses rameaux féconds, sans être mutilés,ou contre un triste mur, tordus, écartelés, sans factice chaleur qui la hâte et la tue, donneront à leur jour la récolte attendue.

Heureux qui vit le jour loin des sombres cités, où, nomade habitant de leurs murs détestés, Il faut, à chaque fois qu'on transporte sa tente, abandonner des siens la poussière vivante, tant de chers souvenirs qui, pour jamais perdus, de ceux que nous aimions ne nous parleront plus ! Heureux qui peut revoir sous le toit de son père la place encore intacte où reposait sa mère.

Quand ses regards éteints et sa mourante voix s'adressèrent à lui pour la dernière fois! Là, du moins, des aïeux les tombes vénérées dans la foule des morts ne sont point égarées.

Sous les arbres grandis que leurs mains ont plantés, à l'ombre des rameaux par le fer respectés, s'il sent du doute en lui peser la nuit obscure, de ceux qui l'ont quitté la mémoire si pure, le visage à la fois austère, calme et doux, apparaissent vivants ; et tombant à genoux.

La pensée élevée au-delà de la terre, donne un libre cours aux pleurs, à la prière. Et retrouve, en ouvrant ces deux sources du cœur, Lin peu de cette paix qui ressemble au bonheur

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peinture : une quête du vif. Quand je me rends compte de mes erreurs, j'aurais aimé me tromper sur le coup dans mes certitudes de sorte que ce que je pense être faux soit en réalité juste.