Ecce homo

Philippe de Champaigne (1602-1674), Le Christ aux outrages 1655, 186 x 126 cm. Musée des Granges de Port-Royal, Magny-les-Hameaux.

Moment de la Passion du Christ après son arrestation;

Pilate prit alors Jésus et le fit flageller. Les soldats, tressant une couronne avec des épines, la lui posèrent sur la tête, et ils le revêtirent d'un manteau de pourpre ; et ils s'avançaient vers lui et disaient : "Salut roi des juifs" Et ils lui donnaient des coups.

Ecce homo! "Voici l'homme" Jean 19:5, phrase prononcé par Ponce Pilate à la foule envenimée par les chefs des prêtres et les gardes. Ici Jésus est seul certainement passé l'épisode ci-dessus, à l'arrière plan un fouet, une corde attachée à une colonne rappelle la flagellation. Son sang ruisselant à petites gouttes a la teinte rouge vive qui se confond avec le manteau rouge. Son vêtement, la couronne d'épine et le bâton qu'il tient dans ses mains sont en fait une raillerie des bourreaux, ces derniers sont évincés du tableau.

Le spectateur se retrouve plongé dans le dilemme qui se joue, Jésus vient d'être abandonné par ses disciples, battu injustement et condamné à mort par crucifiement. Ce format portrait du Christ de la Passion exprime à la fois, la souffrance intérieure et l'acceptation placide de Jésus.

La source de lumière provient du coin inférieur gauche et atteint avec éclat son épaule nue, son visage dont les yeux mis-clos semblent fixe ce point de lueur diffus; tandis que les murs et même l’interstice de ciel renvoyant à une cour, restent dans la pénombre. On note la silhouette puissante mise en avant, le côté humain est sublimé par cet effet.

Ce tableau de Philippe de Champaigne était exposé jusqu'en 1793 à la salle du Chapitre de Port-Royal des Champs,associé à la Vierge de douleur au pied de la croix. De surcroît le Christ mort sur la croix de 1655 est probablement la continuité de ces œuvres, ( existence d'une autre crucifixion datée de 1649, représentant le Christ en croix implorant le Père ) et lorsque l'artiste reprend un thème déjà composé, il ajoute toujours des variations subtiles et assez symboliques.